Compagnie

Démarche artistique

Fondée en 2010 tandis qu’Arthur Perole est encore au conservatoire, la Compagnie F naît d’une volonté déjà très affirmée de suivre le chemin de la chorégraphie, bien plus que celui de la danse. Penser des propositions plutôt que les interpréter.

Au cœur de ces propositions, la mise en tension entre l’individu et le collectif est un fil rouge : comment l’intimité de chacun a un impact sur les autres ? Comme les autres ont un impact sur l’intimité de chacun ? Mettre en commun des pensées et des histoires confère au spectacle un pouvoir singulier. Cette mise en jeu du regard nourrit une démarche où la chorégraphie n’est pas abstraite mais au plus proche des émotions, pour questionner la société, raconter le lien à l’autre, déployer une vision du monde.

Une question guide et traverse le travail d’Arthur Perole : comment s’adresser au plus grand nombre ? La réponse passe d’abord par une écriture à la fois exigeante et populaire, sensible et politique, déployée dans le médium le plus adapté à ses enjeux. La forme que le chorégraphe donne à ses différentes propositions répond ainsi à une vision politique de ce que doit et peut être un théâtre : un lieu de vie, où l’on peut voir des spectacles, vivre des moments de convivialité, manger ou faire la fête. C’est ainsi qu’il faut comprendre le répertoire de la compagnie, qui offre aussi bien des pièces (Tendre Carcasse, Nos corps vivants) qu’une fête artistique (La Boum Boom Bum), un loto pas comme les autres (Carton Plein) ou une série documentaire (Rêves).

“On devrait aller au théâtre comme on entre dans un bar, sans être intimidé mais avec l’assurance qu’on va passer un bon moment et peut-être rencontrer des nouvelles personnes ou une nouvelle vision du monde.” Arthur Perole

Cette variété de formes et de formats correspond à une volonté assumée de ne pas imposer une signature, d’accorder les corps au sujet plutôt qu’à une esthétique particulière. Toutefois, l’écriture d’Arthur Perole est travaillée par des motifs récurrents : la grimace et le burlesque ; un imaginaire lié à la culture populaire ou au kitsch ; des états de corps qui empruntent à la vidéo pour embrasser les enjeux de la perception de soi et du regard de l’autre. De la même façon, son travail sur la pulse, la fête et les corps en transe offre aux spectateur·ices une perception fine de ce qui circule en temps réel dans un groupe. L’écriture du chorégraphe crée ainsi de l’empathie, donne de l’espace au public pour rendre possible un aller-retour entre ce qu’il voit et ce qu’il vit.

Les valeurs et réflexions du chorégraphe irriguent non seulement ses créations mais aussi le fonctionnement de la compagnie, en codirection avec Sarah Benoliel et en collaboration artistique avec Alexandre Da Silva. Le chorégraphe y assume une vision très claire de ce qu’il veut mettre en place mais la répartition des tâches, des responsabilités et des revenus y est collégiale et équitable.

Démarche artistique

De ses réflexions jaillit une danse où le geste est nécessaire, instinctif, vital. Où l’écriture de la danse est là non pour illustrer mais pour transmettre une énergie viscérale, celle de la fête comme dans Ballroom, quand les corps exultent et permettent aux spectateurs de sentir et vivre l’instant. Pour communiquer une émotion profonde, indicible et humaine, comme dans sa première pièce Stimmlos inspirée du romantisme noir, tableau mouvant à l’esthétique millimétrée mettant sur le plateau nos émotions : la peur de la mort, le désir qui nous envahit ou le regret du temps qui passe…

Arthur Perole rejoue sans cesse la question primordiale de la relation de soi avec l’autre jusqu’à laisser percer son intime et sa fragilité dans son premier solo Nos corps vivants. Prélude à de nouvelles pièces lyriques, festives, cosmopolites… Toutes imprégnées par le sens du commun.